Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

les medias et la verite
extrait d'un article paru sur media rating


Contrairement à l’affirmation de Nietzsche prétendant qu’il y a seulement des interprétations, l’homme étant pour lui la mesure de toute chose, la seule mesure de toute chose, les faits sont bien réels, les faits existent bien, et ils peuvent être rapportés avec exactitude. Ils doivent par conséquent être rapportés avec exactitude. Et ils doivent être analysés et commentés avec une sincérité absolue. Ce qui donne tout son sens à la recommandation adressée au journaliste : « Les faits sont sacrés, le commentaire est libre ». A condition d’y voir une invitation à l’humilité, face à une réalité toujours équivoque et énigmatique. A condition surtout de rappeler que les faits valent seulement par la signification qui leur est donnée, et qu’ils ne peuvent jamais être séparés de leurs commentaires aussi aisément qu’on le voudrait. L’exigence, par conséquent, est double : non seulement les faits doivent être rapportés avec autant d’exactitude que possible, mais ils doivent également être analysés et interprétés avec une absolue sincérité. Sans la double passion de l’exactitude et de la sincérité, le journaliste perd la confiance de ceux auxquels il s’adresse : il perd, en même temps que sa crédibilité, sa légitimité ou, si l’on préfère, sa raison d’être.

L’autorité d’un Raymond Aron ou celle d’un Albert Camus s’enracinait dans ce souci permanent d’exactitude et de sincérité, ce qui les distinguait de leurs détracteurs, dans cette véracité ou cette recherche courageuse de la vérité qui fait pareillement l’honneur – ou la vocation - d’un professeur et celui d’un journaliste, cet honneur qui ne procède de rien d’autre que de l’honnêteté intellectuelle. L’historien et le journaliste savent qu’ils n’accèdent jamais qu’à des vérités partielles, imparfaites , approximatives et provisoires, mais ils veulent, comme ceux auxquels ils s’adressent, que ces vérités ne soient entachées d’aucun esprit partisan, d’aucun esprit de système, d’aucun esprit de certitude, qu’elles soient, en d’autres termes, aussi peu subjectives que possible. Et lorsqu’ils doutent eux-mêmes de leur objectivité, ils n’ont alors d’autre secours, l’un comme l’autre, -le journaliste au même titre que l’historien ou le professeur-, que d’avouer leur propre subjectivité, dans un ultime et indispensable élan d’honnêteté.

L’information n’a pas d’autre horizon que celui de la vérité. Elle n’a pas d’autre raison d’être que notre soif de vérité. Du fait que les vérités du journaliste, comme celles de l’historien, sont vues immanquablement à travers le prisme de leurs préoccupations ou de leurs inclinations, pourquoi conclure qu’il faut renoncer à l’idéal d’objectivité, à la courageuse et nécessaire recherche de la vérité ? Pourquoi, de la même façon, ne pas admettre que l’information, pour les médias, est un combat sans fin ? Un combat qui n’est jamais gagné contre ce que Jean-Claude Guillebaud appelle le « grand bavardage des médias », qui fait trop souvent son lit de nos paresses et de nos faiblesses. Un combat permanent contre les rumeurs ou les préjugés, qui expriment toujours nos peurs et nos ignorances. Un combat difficile mais nécessaire enfin contre l’esprit du temps, ces idées reçues ou cette pensée commune que les bien-pensants répètent sans jamais se lasser, et sans du reste jamais penser.

Le devoir de vérité a un corollaire : c’est le droit à l’erreur. Toute erreur, une fois établie, doit être avouée et corrigée. Le devoir de vérité a aussi ses limites. Il est des vérités assurément inutiles, et finalement pernicieuses : il serait irresponsable, pour les médias, de flatter ou de cultiver abusivement nos curiosités les plus médiocres.

Ecrit par brigitte29, le Vendredi 18 Mai 2007, 10:11 dans la rubrique Actualités.